Bizarrement, personne n'en a parlé, donc je m'y colle, fidèle à ma réputation de grognasse kikoolol pseudo intello.
Beaucoup d'entre vous ont dû entendre parler d'Amélie Nothomb, que ce soit pour ses livres ou pour sa personnalité atypique.
Adorée par pas mal de lecteurs, hautaine, pompeuse et détestée par beaucoup d'autres, toujours est-il que la donzelle fait parler d'elle.
Et elle aime ça.
Elle est Dieu. ("Moi, je règne. La puissance ne m'intéresse pas. Régner, c'est tellement plus beau. Tu n'as pas idée de ma gloire. C'est bon, la gloire. C'est de la trompette jouée par les anges en mon honneur.")
Elle aime l'eau, elle aime les fruits qui commencent à pourrir, elle n'aime pas les carpes, elle aime sa soeur, elle aime sa mère, elle n'aime pas la Chine.
Elle aime écrire, beaucoup. Enormément. Elle aime l'extravagance.
Elle est née au Japon, y est restée plusieurs années, qui l'ont marquée à vie, est passée par la Chine, NYC, différents pays d'Asie, mais son projet a toujours été de retrouver le Japon.
Je ne m'attarderai pas sur sa bio, il suffit de lire ses livres pour mieux la connaître.
Voici donc ses livres, dans leur ordre de parution :
Le sabotage amoureux, 1993.
Amélie raconte son enfance en Chine ("un pays communiste, c'est un pays où il y a des ventilateurs"), sa première histoire d'amour avec Elena, ses chevauchées à cheval dans la ville, la guerre des enfants das les années 70...
Très vite lu, 3€, pas de quoi décourager les plus fainéants
Les combustibles, 1994.
Sous couvert d'une histoire se déroulant pendant la guerre, mettant en scène deux jeunes gens et leur professeur dans une pièce, tentant de vaincre la rigueur de l'hiver, Amélie s'essaie à une réflexion philosophique sur la valeur des oeuvres littéraires face à la précarité et face au besoin primaire de l'homme.
Faut-il brûler des livres pour se réchauffer ? Faut-il considérer le livre comme un tas de feuilles ou comme une oeuvre qui mérite autant d'attention qu'un être humain ?
Mais contrairement à ce que l'amorce du livre laisse paraître, ce livre de Nothomb est pour moi son plus mauvais livre, parce qu'elle ne fait qu'une ébauche de ce qui aurait pu être très intéressant, le livre est lu en une heure, il est minuscule alors que c'est le thème le plus intéressant qu'elle ait abordé, et celui qui mérite le plus de réflexion.
Ouvrage décevant. 2,60€
Hygiène de l'assassin, 1995.
Premier roman de Nothomb, où on trouve un Prix nobel de Littérature vivant ses dernières heures. Les journalistes veulent tous obtenir une dernière interview de celui-ci mais il n'en accordera qu'une.
Après l'échec de plusieurs journalistes, Nina se présente devant lui, lui fait face et ne se démonte pas face à ses vacheries. Son répondant et sa parfaite connaissance de la vie littéraire de l'écrivain lui vaudront des aveux de celui-ci.
4,50€, vite lu aussi.
Les catilinaires, 1997.
Un couple à la retraite se retire dans un lieu isolé, pensant trouver la solitude et la tranquilité. Mais c'est sans compter sur la présence de mystérieux voisins, dont le mari, qui s'invite chez eux tous les jours, à la même heure, et reste impassablement muet.
Ce qui paraît anecdotique au premier abord prend un tournant dramatique tout au long du livre.
Un roman qui montre la perversité à son apogée, le sadisme pur, qui s'attaque à deux innocents. Il m'a rappelé le film "Funny Games", dans le même genre.
2,90€.
Péplum, 1998.
Alors là, je vais copier le résumé d'evene.fr parce que bien qu'ayant lu ce livre, je n'en ai que de vagues réminescences, ce qui témoigne donc du fait que je n'ai guère apprécié, mais il faudrait que je le relise.
"Cherchez à qui le crime profite. Quand un roman commence par cette phrase, on s'attend à ce que ce soit un polar. On n'a pas tort, ce livre pourrait être un polar. Sauf qu'il n'y a pas de policier. Mais il y a un crime. Mobile : Pompéi. Arme du crime : Vésuve. Et le coupable ? Ce pourrait être le temps. À moins qu'il n'ait un alibi."
2€, un peu plus long et lourd à lire il me semble.
Stupeur et tremblements, 1999.
J'ai pu le lire grâce à Gotika qui me l'a gentiment prêté. Amélie livre un nouveau récit autobiographique, son premier retour au Japon depuis son enfance.
Elle pensait y retrouver le paradis de ses premières années, elle est vite revenue sur terre après avoir vécu dans une entreprise internationale.
On trouve dans ce livre le récit de la déchéance d'Amélie, sa descente progressive vers les plus bas grades de l'entreprise, d'autant plus humiliants qu'elle est étrangère et avait commencé haut placé.
Elle brosse également le portrait de ses supérieurs, stéréotypes même des japonais de l'époque, ancrés dans les traditions mais rattrapés par la société moderne et ses exigences "occidentales".
Un ouvrage intéressant moins pour l'autobiographie que pour le paysage culturel japonais qui montre la difficile transition entre des traditions ancestrâles démodées et la période moderne ouverte sur le monde.
4€
Attentat, 1999.
Je l'ai lu il y a longtemps donc je ne me rappelle pas exactement le résumé de ce roman.
"Epiphane Otos serait-il condamné, par sa laideur, à vivre exclu de la société des hommes et interdit d'amour ? Tour à tour martyr et tortionnaire de ses contemporains, il sera ambassadeur de la monstruosité internationale, juré d'un concours de beauté au Japon, mais aussi et surtout, amoureux. Car que peut une âme sensible enfermée dans un corps disgracié, sinon vénérer l'absolu sous les traits d'une femme ?"
3€. Encore un roman plein de perversité. Gniark, j'aime ça.
Métaphysique des tubes, 2000.
Récit autobiographique où on apprend qu'Amélie est Dieu. On apprend que jusqu'à ses 2ans et demi, elle se considère comme un tube digestif, un légume.
Puis elle se met à parler, à aimer ses parents et sa soeur, à aimer l'eau, jusqu'à tenter de se suicider dans le bassin du jardin, au milieu des carpes qui resteront à jamais des animaux détestables pour Amélie.
4€. Un livre où on découvre comment Amélie est devenue celle qu'on connait.
Mercure, 2000.
"Sur une île au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolés, entourés de serviteurs et de gardes du corps, à l'abri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage.
Engagée pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmière, va découvrir les étranges mystères qui unissent ces deux personnages.
Elle saura pourquoi Hazel se résigne, nuit après nuit, aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystique...
Au coeur de ce huis clos inquiétant, la romancière du Sabotage amoureux et d'Attentat, retrouve ses thèmes de prédilection : l'amour absolu et ses illusions, la passion indissociable de la perversité."
4€. Dans le même genre qu'Hygiène de l'assassin ou Attentat, une belle histoire, poignante, qui finit par s'avérer encore plus perverse que ce qu'on a pu imaginer.
Robert des noms propres, 2002.
"Le destin exceptionnel d'une petite fille prénommée Plectrude née sous les hospices les plus dramatiques et au parcours semé d'obstacles.
Plectrude est orpheline de père et de mère ( la mère ayant tué le père puis s'étant suicidée ) , recueillie par sa tante qui l'élève dans la vénération la plus absolue.
Il faut dire que Plectrude est douée de tous les dons : beauté, charisme, singularité, talent de danseuse...
Retirée de l'école par sa mère adoptive, elle intègre l'école de danse où les élèves vivent le martyre. Elle sortira de cet enfer brisée pour se voir rejeter par sa mère qui lui révèle alors le secret de sa naissance.
Le portrait d'une enfant atypique et solitaire, surdouée et incomprise qui traverse les épreuves avec la grâce d'une princesse de conte de fées et l'obstination, la certitude et la douleur d'une adolescente d'aujourd'hui.
Un roman où l'humour et la gravité jouent à part égales. Une restitution inspirée du monde de l’enfance, (surtout de la fillette entre 10 et 12 ans, entre enfance et adolescence), qui ne veut pas grandir mais sait ce pour quoi elle est faite."
J'ai laissé ce résumé parce que je le trouve très bon, qu'il m'a donné envie de lire ce livre et que j'ai adoré le livre. 5€.
Cosmétique de l'ennemi, 2003.
Bon, j'avais commencé un résumé mais celui de l'éditeur est quand même beaucoup mieux fait
"Sans le vouloir, j'avais commis le crime parfait : personne ne m'avait vu venir, à part la victime. La preuve, c'est que je suis toujours en liberté.
C'est dans le hall d'un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d'avance. Il lui a suffi de parler. Et d'attendre que le piège se referme.
C'est dans le hall d'un aéroport que tout s'est terminé.
De toute façon, le hasard n'existe pas."
Argh, encore un truc de déglingué de la tête, complètement torturée comme histoire et je suis tombée dans le "piège", comme d'habitude.
Bien ficelé, et au-delà de l'histoire même, ça amène quand même à réfléchir sur son "Moi".
Bref, j'ai beaucoup aimé aussi. 4€.
Antéchrista, 2003.
Le seul que je n'ai pas lu. 5€.
"Avoir pour amie la fille la plus admirée de la fac, belle, séduisante, brillante, enjouée, audacieuse ? Lorsque Christa se tourne vers elle, la timide et solitaire Blanche n'en revient pas de ce bonheur presque écrasant.
Elle n'hésite pas à tout lui donner, et elle commence par l'installer chez elle pour lui épargner de longs trajets en train.
Blanche va très vite comprendre dans quel piège redoutable elle est tombée. Car sa nouvelle amie se révèle une inquiétante manipulatrice qui a besoin de s'affirmer en torturant une victime.
Au point que Blanche sera amenée à choisir : se laisser anéantir, ou se défendre.
Comptons sur la romancière de Stupeur et tremblements (Grand Prix du roman de l'Académie française) et de Robert des noms propres pour mener à son terme cet affrontement sans merci, et nous donner du même coup un livre incisif, à la fois cruel et tendre, sur les douleurs de l'adolescence."
Biographie de la faim, 2004.
Pour moi le meilleur livre d'Amélie Nothomb.
"A partir d'un récit autobiographique charpenté autour des différents pays traversés par son père, diplomate belge et grand bourlingueur, l'écrivain dessine les contours géographiques de ses passions dévorantes.
La faim de sucre, de grands espaces, de livres, de films, de culture, mais aussi la faim des autres, la faim d'avoir faim, et au bout du compte la faim de tout, Amélie Nothomb dévoile les multiples aspects de sa personnalité complexe.
Elle signe surtout un étonnant manuel de sociologie romanesque où elle tente de montrer que la faim est la plus haute identité des peuples, et que «toute nation est une équation qui s'articule autour de la faim»."
Extrait d'une critique du magazine Lire. 16€
Et enfin, le dernier sorti :
Acide sulfurique.
Roman critique sur la télé-réalité, qu'Amélie met en scène dans un nouveau concept, basé sur un camp de concentration, où le public votera pour éliminer, au sens strict du terme, le candidat qu'il veut.
Le téléspectateur doit se rendre compte qu'il est coupable de l'humiliation grandissante des concepts de télé-réalité parce qu'il regarde ces mêmes programmes.
La seule échappatoire à cette déchéance télévisuelle reste le boycott.
Et comme c'est un roman d'Amélie Nothomb, on y retrouve un amour passionné et impossible entre deux êtres d'apparences opposées. 15€
Voilà.
Et j'ai lu encore récemment, qu'Amélie n'avait pas de talent, qu'elle était narcissique, égocentrique et avait un style pompeux et se jouait un peu trop l'intellectuelle avec ses références culturelles.
Pour ceux qui penseraient ce genre de choses :
- Oui elle est narcissique et égocentrique, elle se pense être Dieu même ! Encore faut-il discerner l'auto dérision, ce qui n'est effectivement pas facile pour des simplets.
- Oui elle a des références culturelles que n'ont pas la plupart de ses lecteurs, mais je ne vois pas en quoi c'est son problème si le lecteur n'a pas de culture.
- Pour le style pompeux... Bof... Elle écrit bien, simplement. Ce qui paraît normal pour un écrivain, mais bon, on dirait que ça en étonne certains.
Excusez-moi pour ce petit aparté
Bref, Nothomb c'est bien, mangez-en ! Et n'écoutez pas les critiques tant que vous n'avez pas lu.
Edit : Le livre de la rentrée 2006 :
Journal d'hirondelle
Le héros n'a pas de nom. Ou plutôt pas d'identité fixe. Il change de nom et de vie comme on change de chemise. Coursier à Paris, il se fait passer pour un certain Urbain, tueur à gages insensible qui retrouve le plaisir des sens et du sexe par le meurtre. Puis il devient Innocent... Mais on ne change pas de vie si facilement. Le passé n'a jamais dit son dernier mot. Surtout lorsqu'il a le visage d'une adolescente fraîchement assassinée et dont le seul testament est un étrange journal intime. Comment ressusciter les sensations après s'être coupé des sentiments ?